Perle de Pluie n'en pouvait définitivement plus. Toutes les nuits, pratiquement tous les soirs elle rêvait. Où plutôt, elle faisait un cauchemar. Et là, ça avait recommencé. Encore la même scène, encore le même chat, encore Nuage de Grenouille... Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'elle y pense encore, malgré toutes ces lunes passés depuis sa... Mort ? Son enlèvement ? La féline ne savait même pas si sa fille était encore en vie ! Et ce n'était pas comme si le Clan des Étoiles acceptait de l'aider... Elle se leva donc, s'ébrouant, avant de s'étirer, faisant ainsi craquer chaque un de ses muscles engourdis. Dormir par terre ne lui avait pas fait grand bien. Car oui, étant donné la surpopulation dans la tanière des guerriers, certains chats du Clan de la Rivière -dont elle- avaient dut dormir dehors, sur le sol froid et dur. Perle de Pluie se demanda alors combien de temps durerait cette mascarade, combien de temps les Ombres domineront la Rivière. Ne laissant le temps à ces questions d'hanter son esprit, la vétérante partit vers la sortie du Clan. Et c'est tout en marchant qu'elle leva la tête vers le ciel ; le jour ne s'était toujours pas levé. Admirant les étoiles, la féline eut un sourire triste. Le Clan des Étoile ne lui répondait toujours pas, il lui tournait toujours le dos. Les guerriers d'antan n'avait vraiment pas apprécié le faite qu'elle mente à son propre clan, au sujet de Nuage de Grenouille. Mais... C'était pour éviter un conflit un conflit entre la Rivière et le Vent. Pour éviter que des âmes innocentes ne perdent la vie. Qu'avait-elle donc fait de mal ? Elle avait protégé son clan, n'était-ce pas une bonne chose ? Faire passer le Clan avant la Famille... N'est-ce pas ce que l'on répète, toujours, tous le temps ? S'il vous plaît... Guerrier de Jadis... Faites moi un signe, n'importe quoi... Pardonnez moi... Perle de Pluie ferma finalement les yeux, tout en s'arrêtant. Rien. Encore. Elle eut un rire nerveux ; de toute façon, à quoi s'attendait-elle ? C'était toujours pareil... Elle continua sa route, non sans avoir adresser un dernier regard vers la Toison Argenté.

Alors qu'elle s'apprêtait à sortir du camp, trois félins vinrent lui demander -agressivement- ce qu'elle faisait. L'un d'eux était un Rivière, et il jetait des regards désolés à Perle de Pluie, comme pour excuser l'attitude des deux autres félins de l'Ombre. Lui adressant un doux sourire, la femelle expliqua aux deux brutes qu'elle allait juste sortir marcher un peu. L'un plissa lentement les yeux avant d'accepter qu'elle sorte. Merci bien ! Une fois sortit du camp, elle huma doucement l'air, les yeux fermés. Des odeurs fraîches de proies traînaient par-ci par-là, ainsi que de vieille patrouille. La patrouille de l'aube ne devrait pas tardé à faire le tour du territoire, songea la femelle. Peut-être même les croiserait-elle. Enfin. Perle de Pluie se demanda si chassé ne serait pas une bonne idée. Quoique... A cette heure là, les poissons n'allaient pas être de sortis. Et bien tant pis, elle irait chassé après sa promenade. De toute façon, elle ne comptait pas rester dehors toute une éternité. Cela pourrait paraître suspicieux pour les Ombres. Comme si j'allais faire quoi que se soit pour les arrêter... Je suis trop faible. Elle n'était pas défaitiste, juste réaliste. Elle, contre tout un clan ? Ah ! C'était perdu d'avance. Surtout si votre ancien compagnon fait partit de ce dit clan. Les yeux dans les vagues, la guerrière s'arrêta cinq minutes, songeant tristement à Griffe d'Acier. Aux moments qu'ils avaient passés tous les deux... Elle avait été si... Stupide ! Croire ne serait-ce que ce fichu briseur de cœur l'aimait ! Imbécile. D'un lourd soupir, Perle de Pluie continua sa route, les oreilles et la queue basse. Ça ne pouvait pas être pire journée.

Ses pas la menèrent bientôt sur les territoires libres. Plus précisément à un endroit qu'elle n'avait jamais vue... Elle se trouvait proche d'une étrange maisonnette faite de bois se trouvant au milieu de plusieurs arbres. Comment avait-elle fait pour ce retrouver ici ? Perle de Pluie avait été tant dans ses pensées qu'elle ne c'était même pas rendue compte qu'elle avait quitté son propre territoire ! Et qu'elle en avait sûrement traverser un autre, pour arriver ici. La peur lui noua le ventre, et elle tendit les oreilles, huma l'air, vérifiant ainsi que personne ne se trouvait là. Non. La féline hésita à retourner au camp de la Rivière... Cet endroit l'intriguait énormément, sachant qu'en plus, elle n'y était jamais allée ! La curiosité la poussa à aller y jeter un coup d'œil... Juste un petit... Histoire de voir un peu à quoi ça ressemblait là-dedans...

La peur est un sentiment terrible qui peut détruire une vie. Parce que oui, quand cette émotion est trop présente, cela peut empiéter sur la raison et tout déformer, rendre le quotidien tel un fardeau, l’amour telle une phobie et la mort telle la liberté. La terreur des événements à suivre peut troubler le sommeil et apporter l’insomnie, provoquant ainsi un manque d’énergie, et une nervosité sans précédent. Voilà le principal problème de l’espionne au pelage roux parsemé d’ombrage du Clan du Vent, Tempête de Silence. Aux yeux du Clan du Vent et celui du Tonnerre, le Clan de la Rivière et de l’Ombre avait formé en quelque sorte une alliance, mais surtout Étoile Sauvage régnait sur le Clan de la Rivière. Les deux Clans encore libres de leur mouvement était inquiets quant aux événements qui allaient en découler, et Tempête de Silence était chargée d’en apprendre le plus possible. Parce qu’après tout, même après cela, il fallait en apprendre le plus sur cette alliance, du moins pseudo-alliance enfreignant le code du guerrier et son évolution qui ne disait absolument rien de bon à l’espionne… et aux Clans autre que le Clan de la Rivière et de l’Ombre. Tempête de Silence s’étira alors que l’aube se levait, incapable de se rendormir, trop dérangée par ses pensées plutôt sombres et puis, elle se leva. Son regard était sombre, témoignant de l’ère dans laquelle la forêt semblait vouloir entrer désormais et elle se montrait encore plus maigre que d’habitude, trop inquiète pour manger convenablement.

Elle parvint sans peine à l’extérieur du camp et soupira. Son soupir parlait pour elle, exprimant son inquiétude, ses angoisses et son incapacité à se reposer. Son regard passa en revue le camp endormi si ce n’était le chat qui faisait la garde et ceux qui, comme elle, ne trouvait pas le sommeil. Malheureusement, Plume d’Ajoncs ne se trouvait pas parmi eux. Plume d’Ajoncs était lui aussi espion, mais c’était surtout un des seuls qui ne reculaient pas devant les yeux étranges de la chatte. Un rouge et l’autre vert translucide. Mais par-dessus tout, ce mâle était le compagnon de la femelle qui cherchait quelque chose à faire en cet instant, sans rien trouver qui ne lui plaisait réellement jusqu’à ce qu’une idée germe dans sa tête. Et si elle allait chasser un peu? Ils devaient être bien nourris afin d’être prêts si une bagarre éclatait pour que leur Clan. Et c’est ce qu’elle fit après plusieurs minutes d’une immobilité qu’elle ne supportait pas vraiment, revenant après sa chasse avec deux proies. Tempête de Silence aurait bien aimé en apporter plus, mais c’était mieux que rien considérant qu’elle avait très mal dormi. Puis, elle n’avait pas pris de temps pour tenter d’espionner le Clan de la Rivière, trop affaiblie cette journée-ci… elle allait se frotter à Plume d’Ajoncs qui était réveillé puis ensuite se retira dans l’antre après avoir expliqué à leur chef qui était bien sage qu’elle ne se sentait pas d’attaque pour des patrouilles et autres choses de ce genre.

Dans le gîte des guerriers, elle prit un long moment, les yeux fermés et la respiration, avant de parvenir à trouver le sommeil. Par chance, l’espionne ne rêva pas. Elle aurait sans doute piqué une crise à son réveil si des mauvais songes l’avaient empêchée de se reposer comme il se devait apprendre tant de nuits sans réellement dormir. Déjà qu’elle était convaincue que leurs ancêtres lui en voulaient pour une raison qui lui échappait, il ne fallait pas en rajouter, n’est-ce pas? Malheureusement, elle se réveilla alors que l’aube n’était toujours pas levée sans possibilité de se réveiller. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, parce qu’elle resta longuement les yeux fermés sans que le sommeil ne revienne la happer. Tempête de Silence finit donc pas se lever, ne supportant pas de demeurer fixe ainsi, alors qu’une menace pesait sur la forêt. Elle n’était pas folle, elle ne pensait pas pouvoir changer cela toute seule, mais ça lui empêchait d’avoir l’esprit tranquille.

Elle sortit du gîte des guerriers sans réveiller qui que ce soit et sans même avertir Plume d’Ajoncs pour ne pas qu’il s’inquiète qu’elle sorte seule et dit tout simplement à celui qui gardait l’entrée qu’elle allait faire une balade nocturne sans que cela ne prenne réellement de temps, même si elle n’en savait rien du temps qu’elle allait prendre. Quand le chat lui permit de passer, elle s’éloigna rapidement sans but précis. C’est ainsi que ses pattes la menèrent dans un endroit qu’elle n’avait jamais visité et qui n’appartenait pas à un Clan, étant situé dans des terres libres. Elle s’y arrêta un moment, se perdant rapidement dans ses pensées. C’est le bruit de pas d’un autre chat qui sortit l’espionne de ses pensées défaitistes. Tempête de Silence releva la tête et ouvrit les yeux qu’elle avait fermé sans qu’elle ne s’en rende compte et frissonna en sentant l’odeur du Clan de la Rivière.

«Qui est là?» demanda-t-elle calmement.

HRP:

Perle de Pluie s'était approché de l'étrange maison quand elle se rendit de ce qu'elle faisait. Elle s'apprêtait à fouiller un endroit qu'elle ne connaissait pas, poussée par la curiosité ! Un comportement bien digne d'un jeune apprenti, tiens ! Tout en soufflant péniblement, la femelle ne quitta par la maisonnette des yeux et continua de la fixer, tout en plissant légèrement ses paupières et en se pinçant les babines. Peut-être agissait-elle comme un chaton un peu trop curieux mais cet endroit l'intriguait vraiment beaucoup. Et puis même, quand elle était chaton, la femelle n'avait pas vraiment eut le temps de se comporter comme un nouveau née avide d'aventure ; elle avait dut tout d'abord s'occupé de son frère et de sa sœur. Chose qu'elle ne cessait de faire désormais avec les chatons de son clan. Alors que la vieille chatte était perdue dans ses souvenirs, une voix résonna non loin d'elle. Sursautant, Perle de Pluie se retourna rapidement, les poils hérissés et le regard inquiet, avant de se calmer. Pendant un instant, elle avait crut que l'inconnu était un ombreux... J'aurais été très mal, alors.

La Rivière pencha très légèrement la tête sur le côté quand elle entendit la question de la féline. Car celle qui venait de l'interpeller était bien une femelle, du Clan du Vent, à se que sentait Perle de Pluie. Un du Vent... C'était déjà mieux que si elle avait rencontré quelqu'un de l'Ombre ! Ne pouvant retenir un soupir de soulagement, la vétérante étudia la nouvelle venue. La femelle avait une magnifique robe rousse et une apparence à tombé par terre. Heureusement que Perle de Pluie n'était pas un mâle. Mais quelque chose en l'inconnue dérangea grandement la vieille chatte. Ses yeux, l'un d'un rouge peu commun et l'autre d'un vert limpide la mettaient mal à l'aise. Elle tentait de ne pas le montrer, mais son regard fuyant et ses babines pincées avait déjà dut mettre la puce à l'oreille à la guerrière -espionne ?- du Clan du Vent de ce que pensait la Rivière de son apparence peu commune. Se secouant la tête et se rendant enfin compte à quel point ce qu'elle faisait était mal poli, la vétérante miaula simplement à l'attention de l'autre femelle ;

« Excusez moi, je m'appelle Perle de Pluie. » elle eut un léger sourire. « Je pense que je n'ai pas besoin de vous dire de quel clan je fais partie ; vous devez l'avoir sentit ! »

Ça pouvait paraître assez étrange que Perle de Pluie puisse aussi bien parlé avec des inconnus, mais elle ne se sentait nullement mal à l'aise. Elle avait toujours eut cette "particularité" de ne se sentir gêné qu'en présence de certains chats. Comme Griffe d'Acier, Coquillage Nacrée -depuis sa révélation à la dernière assemblée- et la femelle qui lui faisait face avec ses yeux étranges. Néanmoins, avec cette dernière, elle tenta de rester le plus naturel possible, de ne pas montré son malaise. Ça aurait été si irrespectueux. Et pour la vétérante, le respect était quelque chose de très important. S'inclinant légèrement, juste pour s'excuser, Perle de Pluie adressa un sourire à la fois gêné et amical à la femelle du Vent.

« Excusez moi -de nouveau- de vous avoir fixé ainsi sans gêne. C'était très irrespectueux de ma part. »

Perle de Pluie passa nerveusement sa patte derrière son oreille, avant de jeter des regards par-ci par-là. Elle avait beau essayé de ce comporter normalement, les yeux de la femelle du Clan du Vent l'en empêchait. Son regard dériva alors de nouveau vers le ciel, dégagé. Aucun nuage n'était en vue, ce qui était souvent signe que quelque chose de bien, de merveilleux allait se passer. La mort d'Étoile Sauvage ? La guerrière se pinça les babines pour s'empêcher de rire, avant de se ressaisir. Ce n'était pas dans ses habitudes de rires de la mort d'un chat. Même si celui-ci le méritait, même si celui-ci menait la vie dur à son clan, même si celui-ci avait gâché l'espoir de Perle de Pluie de pouvoir enfin vivre heureuse. Oui, tous ça, même si c'était beaucoup, n'était pas assez pour vouloir la mort. Se rendant enfin compte qu'elle oubliait la présence de la guerrière du Vent, la féline grise lui demanda, tout naturellement :

« Et sinon, votre clan se porte t-il bien ? »