Elle était là. Elle tremblait de peur. Elle était à ma merci. Et elle ne le savait pas encore. Mais ça ne saurait tarder. Car j'avançais à pas feutrés, sûre de moi. Lentement, je m'approchais d'elle. Même si elle cherchait sa menace du regard, elle ne la trouvait pas. Comme moi, elle sentait. Au sens propre et sens figuré. Elle sentait mon assurance et je sentais sa peur. Encore un pas, et ma patte pourra agripper sa queue pour la tirer à moi et l'achever. Et je la ramènerais au Clan, fière de ma prise.

Sauf qu'il y avait une feuille. Juste sous ma patte. Et à peine je l'avais sentie qu'elle bruissa. Pas très fort, certes. Mais elle et moi, nous étions si proches qu'elle l'entendit et s'enfuit en courant. Je peste un bon coup et m'assoie, soupirant. Je venais de passer à côté de la souris la plus dodue que j'avais vu depuis le début de la saison des feuilles vertes. Si seulement Oeil de Lynx avait été avec moi... Nous aurions fait équipe, et ma faute n'aurait qu'attirer la proie vers mon frère. Mais non, il avait été choisi pour une patrouielle, sans moi. Déçue, j'étais donc aller chasser. Comme quoi, il faut que je travaille sur mes performances en solo.

Mais cette souris, je la voulais. J'avais tellement envie de la sentir entre mes crocs, l'amenant pour remplir l'estomac de nos petits ou nos Anciens... Oui, j'allais la poursuivre, ne serait-ce pour me prouver que je suis une excellente chasseuse, que je sois seule en ou en équipe. Alors je me suis élancée à sa suite. Et j'ai couru. Longtemps. J'avais retrouvé sa piste. Mais alors que je m'arrêtais pour me reposer, une odeur qui ne m'étais pas familière monta à mon museau. Le temps que je la sonde, une chatte me lança :

-Que fais-tu là? Tu es sur MON territoire!

Et là, ce n'est pas difficile à reconnaitre. Je suis en territoire ennemi. Je suis sur une plaine du Clan du Vent. Et mince! Moi qui ne faisais que suivre une souris... Quant à la chatte, elle se nommait Fleur de Lune. Je ne sais même plus où je l'ai rencontré. Une Assemblée? Possible. En tout cas, je me suis mise dans un sacré pétrin. Encore une fois, je maudis l'absence de mon frère...

-J'y peux rien si MES souris s'enfuient par chez toi. Je suis là pour poursuivre mon dû, répondis-je, en me donnant de l'assurance, que ce soit vocalement que physiquement en me redressant fièrement.