La journée avait pourtant si bien commencée. Rayons chauds du soleil, ciel bleu, pas un souffle de vent... Et voilà que tout à coup, des nuages sortis de nul part s'étaient amoncelés au dessus de leur tête et avaient commencé à pleuvoir. Une hypocrite de journée.
Pelage de Lièvre s'était fait avoir, bien comme il fallait. Tôt ce matin, il était sorti ramasser des plantes qu'il ne trouvait qu'en bordure de territoires, près des chutes. A peine arrivé à mi-chemin, des trombes d'eau lui étaient tombés sur la tête et sa fourrure mi-longue était désormais trempée. Pire encore, impossible pour lui de rejoindre les chutes avec cette eau : il glisserait sans donc dans le précipice à cause de la boue. Mort imminente et Pelage de Lièvre n’était pas du genre à se risquer dans ce genre d’entourloupe.
Plus le choix ! Il devrait aller chercher ses plantes dans la forêt, dans l'espoir que la pluie n'est pas tout détruit. la consoude était fragile à cette époque, mieux valait qu'elles soient abriter sous un couvert de feuilles et de ramures.

Pelage de Lièvre se dirigea vers les terres du Clan du Tonnerre d'un pas lourd. Sous leurs arbres, les plantes étaient à l’abri du vent et des intempéries. Bien que l'idée d'aller sous une épaisse cage feuillue le repoussait totalement, le mâle traversa les territoires intermédiaires entre le siens et celui du Clan adverse et s'engagea dans les diverses pentes boueuses qui menaient en aval de la forêt.
Des flots d'eau sale déferlaient dans la rivière tandis que la pluie se faisait plus violente et les arbres crépitaient sous l'agression des goutes. pelage de lièvre se tordit la mâchoire, sceptique. Vraiment, il ne lui manquait plus que l'intrusion dans un territoire ennemi pour finir sa journée qui avait si bien commencée... mais après tout, son rang de guérisseur le protégeait de toute attaque, pas vrai ?

Après une ultime réflexion qui partit en fumée, le mâle s’engouffra dans les bois et disparu dans l'ombre végétale. Les odeurs et les sons n'avaient rien à voir avec sa lande natale ici. Le guérisseur était déjà passé par ce territoire pour quémander l’aide du guérisseur autrefois, mais désormais, sous la pluie, la futaie lui semblait plus hostile que jamais.
Mais l'inquiétude de Pelage de Lièvre fondit immédiatement lorsqu'il aperçut un plant de cerfeuil sous un noisetier, plante qui poussait rarement dans les landes. Parfait ! se dit le mâle avec un sourire satisfait. Le mal de Ventre de Fleur de Vipérine va pouvoir être soigné avec ça !
pelage de Lièvre s'approcha de la plante et commença et couper les feuilles à coups de dents, de plusieurs mouvements vifs et coordonnés.