Pour la première fois depuis très longtemps, la guérisseuse de la Rivière s’offrit une nuit de sommeil entière, pour reprendre des forces. Depuis que l’hiver était arrivé, elle s’était activée pour terminer ses réserves de plantes le plus rapidement possible : mal blanc, mal vert, mal noir, il fallait que son antre déborde de remèdes pour ces maux.
La veille au soir, elle s’était couchée quelques temps après que le soleil n’ait disparu derrière l’horizon, confiant à son apprentie le soin de ranger les dernières plantes cueillie. Elle dormit comme une pierre, presque aussitôt ses paupières fermées : elle en avait tellement besoin. Cependant, sa vieille habitude lui revint, et elle se réveilla avec le soleil. Elle s’étira et vit Nuage des Tropiques dormir paisiblement non loin d’elle. En silence, Menthe Poivrée se dressa sur ses pattes et décida de sortir pour aller chercher le petit déjeuner.

Elle traversa le camp glacé et elle frissonna. Son souffle créait des nuages blanches, signe qu’il faisait très froid, et que les malades arriveraient bientôt. Elle soupira profondément, s’aveuglant de buée au passage. Le camp était désert, tout le monde était endormi. Ou presque : la guérisseuse vit une petite silhouette, dans la pouponnière. Un chaton, qui visiblement, n’avait plus envie de dormir. En s’approchant, elle vit que c’était Petit Chêne, qui observait tout et n’importe quoi dans le camp inerte.
La guérisseuse interrompit son voyage vers la pile de gibier, et se dirigea vers le chaton à qui elle chuchota pour ne réveiller personne :
-Bonjour Petit Chêne. Qu’est-ce que tu fais réveillé de si bonne heure ?