Le voile noir de la nuit avait déjà remplacé la lumière du jour depuis un moment déjà. J'étais couchée, dans la pouponnière, épuisée. J'ai voulu rester au Clan de la Rivière, puisque Griffe d'Acier était parti pour quelques "affaires". Et heureusement, j'ai pu rester constamment dans la pouponnière, à fixer mon ventre et à penser à ma famille, à mes heures perdues. J'étais là, allongée sur le flanc, respirant avec douceur. Mes douleurs étaient de plus en plus fortes, et il m'arrivait d'avoir des contractions, même en pleine nuit. Au bout d'un moment, je réussi à m'endormir en posant ma tête sur mes pattes avants.

J'étais dans une forêt sombre. Mon ventre était toujours arrondi, et je regardai autour de moi, apeurée. Mes griffes étaient sorties, et j'avançais prudemment dans la forêt. J'entendais des corbeaux battre des ailes, et plus loin, une forme arriver vers moi. Griffes sorties, je feulais tout en rabaissant mes oreilles. L'ombre s'arrêta devant moi et je reconnu mon père, qui me regardais avec un grand sourire malfaisant. Il tourna autour de moi pendant une durée indéterminable, et je me contenta de me préparer à un assaut. D'un geste vif, Folie me frappa le ventre et je lâcha un cri de douleur. Il me le frappa à nouveau sous un autre cri suivit d'un gémissement, et je me réveilla.

Mes douleurs étaient réelles. Mon ventre me fit souffrir. J'haletai, regardant autour de moi, stressée. J'allais mettre bas. Un spasme violent me prit et je me tordait de douleur. Mes cris de douleur devaient sûrement réveiller la plupart des deux Clans réunis. Et pour cause, un chat vint me voir, intrigué. Sous deux haletements, je réussi à lui parler.

Cheetah : « V-Va chercher... Faucon Solitaire... Ou Menthe Poivrée... »

Celui-ci hocha rapidement la tête et détale vers la Tanière, tandis que je me crispa de douleur avant qu'un autre spasme me secoue. Pourvu que l'un des deux viennent à temps...

Les jours se levaient sans cesse, comme si tout était pareil, comme si la vie continuait comme un cycle éternel et c’était sûrement le cas, la vie continuait sans doute sans jamais s’arrêter. Mais lui, ce chat gris couché dans sa tanière, dans son lit de mousse, ne souhaitait pas que les choses continuent chaque matin comme si les malheurs qui venaient n’étaient qu’une étape à passer, que quelque chose à surmonter. Une étape dont il fallait se montrer digne. Il voulait que les choses stagnent et lui laisse le temps de se remettre des derniers événements. Il était encore tout chamboulé, son esprit semblait être atteint. Mais il se levait chaque matin, le regard dans le vide, mais n’oubliant pas les remèdes. Les remèdes… il aurait facilement tout mélangé si ce chat dont il ne connaissait toujours pas le nom lui rendait si souvent visite et que sa voix accompagnait en tout temps le jeune guérisseur. Ce chat aidait Faucon Solitaire à passer au travers de cela sans trop de séquelle, pour le moment.

Les rayons du soleil perçaient à travers la tanière et réchauffaient doucement le pelage orageux du guérisseur du Clan de l’Ombre qui tentait de s’accrocher aux derniers lambeaux de sommeil qui lui étaient présentés. Il ne voulait pas les laisser filer alors que ces derniers temps, le sommeil ne lui était pas donné. Il ne voulait pas… mais il finit tout de même par ouvrir les yeux sur un monde qui lui semblait terne. Avec Étoile Sauvage qui violait le code du guerrier aux yeux du guérisseur, avec le soleil qui se levait comme si Esprit Chanteur était toujours en vie, le monde qui s’offrait à sa vue était terne et sans éclat. Il s’étira longuement, bâilla et soupira. Comment pouvait-il espérer se réveiller de bonne humeur jour après jour si sitôt gagnait-il quelqu’un qu’on le lui enlevait? Faucon Solitaire laissa son regard de couleur gris, aussi terne que l’était la vie désormais, errer sans trouver de prise jusqu’à ce qu’il se pose sur le guerrier. Il ne connaissait pas ce chat qui lui apparaissait souvent et ne voulait plus le connaître. Sa présence le rassurait malgré tout. Malgré le fait que son pelage qui lui semblait étoilé auparavant était en fait bien sombre. Ça ne lui importait plus du tout.

-Je ne sais plus quoi faire.

Il venait de dire cette phrase à voix haute. Première tentative de dialogue avec ce chat. Parce que Faucon Solitaire l’avait déjà entendu parler, là n’était pas le problème, seulement…ils n’avaient jamais discuté ensemble comme l’auraient fait des amis, bien que ces deux-là avaient une relation relativement différente de ce qu’on pouvait déclarer comme amitié. Mais avant que le guerrier sombre ne puisse répondre, ce qu’il semblait être sur le point de faire, un membre de son Clan déboula dans son antre sans s’annoncer. Faucon Solitaire était sur le point de le remettre à sa place poliment quand le premier haleta qu’Affliction du Guépard avait besoin d’un guérisseur très rapidement. Le mâle ne se fit pas prier et il fila chercher les remèdes de premier recours, parce qu’il n’avait su préciser ce qu’avait la guerrière. Faucon Solitaire profita de la présence de son camarade pour emporter plus de remèdes et le suivit là où Affliction du Guépard était. Et il comprit sur le champ : elle mettait bas. Faisant signe au guerrier d’approcher un tas de mousse rempli d’eau, il s’approcha de la femelle et posa sa queue sur son épaule pour la réconforter. L’incitant à boire, il lui dit par la suite qu’il lui faudrait l’écouter attentivement si elle voulait que tout se passe bien. Il posa ses pattes sur le ventre de la chatte et lui dit de pousser. Après de longues minutes et plusieurs contractions douloureuses, un bruit mat se fit entendre : le premier chaton était né. Le guérisseur déchira le placenta et se mit à le lécher vigoureusement jusqu’à ce qu’il l’entende pousser un piaillement. Il fit la même chose plusieurs fois. Les contractions se montraient affreusement douloureuses, mais le mâle ne pouvait rien y faire si ce n’était l’encourager à pousser pour que les chatons naissent. Lorsque trois chatons furent nés, les contractions semblèrent s’arrêter, mais une peur saisit le matou. Il sentait encore un chaton dans le ventre de la nouvelle reine… Patiente et calme-toi. Respire. Faucon Solitaire écouta le guerrier qui lui parlait et il respira à fond puis ordonna calmement à la chatte de pousser une dernière fois, lorsqu’une contraction lui prit. Le dernier chaton tomba et il s’occupa immédiatement de lui jusqu’à ce qu’il respire correctement. Il regarda les petits s’agglutiner pour boire le lait de leur mère. Il observa les petits qui semblaient en bonne santé. Regarde bien. Attentivement. Le jeune guérisseur obtempéra et c’est là qu’il remarqua qu’un des mâles avait des pattes plus petites, comme mal-développée, sous-développée. Il lui faudrait garder un œil dessus. Il s’approcha de la femelle en lui donna une boule de mousse pour qu’elle s’abreuve.

-Félicitation Affliction du Guépard, tu as deux mâles et deux femelles en santé… Mais le petit là, dit-il en pointant le concerné de la queue, devra être sous surveillance, je crains qu’il n’y ait un problème avec ses pattes arrières.