Je donnais des coups de patte à une boule de mousse, me l'envoyant et me la renvoyant tout seul. Effectuant parfois un grand saut pour rattraper le jouet. C'était le début de l'après-midi. Après que le soleil avait atteint son zénith, les guerriers étaient rentrés au camp pour faire la cérémonie du partage. J'étais trop jeune pour y participer, mais nous avions tout de même mangé un lézard dans la pouponnière. Ensuite, les reines et les chatons s'étaient mis à faire la sieste. J'avais essayé de fermer les yeux et de chercher le sommeil mais il n'y avait rien à faire, je ne voulais pas dormir. Je savais que, même en persévérant, je ne pourrais pas trouver le sommeil. Alors je me suis dis que je pouvais jouer un peu. Mais avec qui ? Tous les chatons dormaient et Petite Renarde serait de mauvaise humeur si je la réveillais. Et, en réveillant Petit Pégase, je craignais d'être obligé de réveiller toute la pouponnière en même temps tant il dormait bien. De plus, je ne pouvais pas faire de l'activité au sein même de la pouponnière sous peine de me faire sévèrement réprimander. Décidément, les reines en faisaient vraiment trop avec les chatons ! Enfin, je n'étais plus un chaton, j'avais presque l'âge d'être baptisé apprenti espion, post que l'on m'avait promis et j'avais vraiment hâte d'y être. En attendant, ces deux dernières lunes passées à la pouponnière me semblaient affreusement longues. Alors je m'étais mis devant son entrée, à jouer.

Envoyer voler la boule de mousse était amusant quelques lunes mais au bout d'un moment, je commençais vraiment à me lasser. Je donnais quelques coups de pattes peu convaincants dans sa direction, l'air las. Je me levai et je poussai un bâillement. Les patrouilles étaient parties et les chasseurs aussi. Ceux qui étaient encore dans le camp dormaient dans leur tanière. Il n'y avait personne dans les environs. Personne... Une idée germa dans mon esprit et mes yeux s'étrécirent avec malice. Ce n'était pas tous les jours que j'avais cette chance. Je pouvais sortir du camp pour explorer ses alentours ! Je ne voulais pas attendre d'être baptisé pour sortir pour la première fois de ma vie et cela me donnerait un avantage. Oh, je n'irais pas très loin, juste aux alentours du camp vite fait. J'étais petit et discret. Personne ne remarquerait rien. Satisfait par cette idée, je me dirigeai sur la pointe des pattes vers l'entrée du camp. Je fis une pause pour regarder à droite, puis à gauche. Toujours personne. Je poursuivis mon chemin en prenant garde à ne pas faire de bruit. Je sursautai lorsqu'une goutte d'eau s'écrasa sur mon museau. Je m'essuyai d'un revers de la patte, agacé. En jetant un coup d'oeil vers le ciel, je vis qu'il était bien gris. Il ne tarderait pas à pleuvoir. Je devais me dépêcher avant de me prendre le déluge. Sans plus de cérémonies, je passai la tête à l'extérieur. J'y étais arrivé ! Soudain, je sentis une odeur familière venant de derrière moi. Je m'étais fait repérer. Crotte de souris !