La lune était devenue la seule guide des êtres nocturnes, et les insectes comme les chouettes rendaient l'atmosphère atrocement apaisante. Entendre le hululement d'une chouette effraie pouvait paralyser de peur un félin, tandis que le chant des criquets avait la vertu de l'apaiser. Au milieu de ce calme nocturne, il y avait Souffle de la Salamandre, les Hauts Plateaux, et ses futures proies aussi innocentes que stupides. Il rasait le sol de près à la vitesse d'une flèche lancée par le plus bel arc, ses armes aussi affûtés que la lame du meilleur des escrimeurs, et ses sens aussi éveillés que ceux d'un faucon crécerelle. Il s'arrêta soudainement, immobilisa son corps dont la couleur le camouflait, tandis que ses yeux de glace dévoraient des yeux une boule de poils grise au loin : un lapin. La proie favorite du chat noir. La proie ne l'avait pas remarqué, et le chasseur se rapprochait furtivement de la pièce de viande qui ferai surement son déjeuner quand le soleil aura remplacé l'astre gris bleu qui trônait dans le ciel. Au moment où les criquets arrêtèrent leur symphonie et que les chouettes se calmèrent, Souffle de la Salamandre bondit. Le lapin eut beau se débattre avec toute la force dont il disposait, il ne fut pas le poids. Il accepta son sort, et cessa toutes parades de défenses, tandis que le chasseur nocturne l'achevait d'un coup de griffe bien placé, après avoir adressé une prière au Clan des Étoile pour le remercier de cette proie.

Sans perdre de temps, il l'enterra, puis reprit sa chasse dans le noir. Il s'aventura dans la brousse, dont la végétation se faisait plus dense, puis capta un autre lapin, bien plus gras que celui qu'il venait d'avoir. Salivant d'avance, il prit la position habituelle du chasseur, et avança à pas de velours jusqu'à ce que la distance qui le séparait du gibier soit égale à trois que de renard. Seulement, fixant l'animal, il en oublia l'environnement, une erreur de débutant qu'il ne risque pas de se pardonner... Vu la suite des événements.
Une branche craqua sous sa patte avant droite, alertant le lapin qui finit pas le débusque au milieu des herbes hautes. La bestiole prit la fuite dans la direction opposée. " Maudite sois-tu, branche lambda ! ", jura t-il sur un ton empli d'humour. Car il avouait que la faute venait de lui, et aimait savoir ce qui lui avait perdre une proie aussi succulente. Sans perdre une seconde, il s'élança à la suite du rongeur, qui, malgré sa taille, courrait aussi vite - même peut-être plus - que lui. Il s'arrêta brusquement, forçant sur ses pattes pour ne pas percuter le chat qui été apparu sur sa route en un claquement de doigt. Lorsque le nuage de poussière causé par son freinage soudain se dispersa dans l'air, Souffle de la Salamandre constata avec horreur que sa proie avait été attrapé par quelqu'un d'autre, et quand il releva la tête, il cru qu'il allait sauter au cou de la femelle qui se tenait devant lui, son lapin sous la patte. Il s'agissait de Pelage Fauve, la seule personne capable d'exaspérer autant le Lieutenant du Vent. La femelle fauve leva sur lui un regard qui se voulait supérieur. Souffle de la Salamandre s'emporta, brisant l'orchestre nocturne qu'il aimant tant écouter. " Pas encore toi ! "