Aile se donna deux coups de langue sur l'épaule.

La mauvaise saison n'allait pas tarder à arriver. Les rares feuilles des arbres du Clan de l'Ombre s'étaient désechées avant de tourbillonner pour mourir sur le sol. La nuit tombait maintenant vite et l'aube tardait à se lever. Une bise glaciale vint cingler le poitrail de l'apprentie.
La mauvaise saison allait bientôt arriver.

Elle s'ébroua pour se réchauffer et s'étira pour chauffer ses muscles. Peu endurante, elle avait prit l'habitude de faire un tour des marais pour améliorer sa musculature. Le sol spongieux demandait plus d'efforts et il était plus difficile d'y courir que sur un terrain bien drainé.
Elle fit rouler une épaule, puis l'autre et se jugeant assez échauffée, commença doucement à courir.
Elle avait envie d'avaler la distance dans des grands "splaths", mais se forçait à garder un rythme régulier. Elle accéléra un peu et cala sa respiration sur ses foulées. Elle essaya de se vider la tête, et de ne pas penser à ses muscles qui commençait à la tirailler.

Elle traversée une bonne partie des marais, lorsqu'elle perdit le rythme de sa respiration et commença à suffoquer. Ses muscles réclamait de l'oxygène et la torturait à chaque mouvements, mais elle se força à continuer, attendant le second souffle. Elle voulait arriver à l'arbre foudroyé, c'était son objectif. Le second souffle arriva, elle ne ressentit plus la douleur et accéléra, comme euphorique. Malheureusement, l'effet ne dura pas, et elle fut obligée de s'arrêter dans un dérapage plus ou moins contrôlé, haletant comme une perdue.

L'arbre était encore loin, et la narguait à cette distance. Aile était en train de reprendre sa respiration lorsqu'une odeur lui arriva, portée par le vent hivernal. Elle se retourna et miaula d'une voix haletante :

Nuée .. des Cendres ? Elle expira bruyamment. C'est vide .. ici. Ils sont tous .. au camp de la Rivière.

Il était très tôt ce matin, très tôt. Si Nuée de Cendres avait sorti la tête de la tanière, elle n'aurait distingué qu'un faible brouillard et pas de soleil, juste les ténèbres. Peut-être qu'elle aurait également vu la lune pendant ces dernières minutes dans le ciel étoilé de la Toison Argenté. Il faisait bien tout noir, même dans la tanière. Il faisait noir partout, dans les tanières, dans le camp, dans le territoire, dans la forêt, dans la région. Oui, ce n'était pas le matin en fait. On appellerait plutôt ça la nuit. La nuit avec ses ténèbres qui engloutissaient le moindre son.

La nuit commençait à partir par là, en direction de l'Ouest. Elle se sentait comme plus faible, moins tenace, poursuivie par le soleil levant des montagnes. On ne voyait pas encore cet astre brûlant mais la nuit pouvait sentir son immense pouvoir. Alors, elle commençait à enlever son manteau étoilé. Elle avait déjà quitté les montagnes, mais était encore présente dans la forêt. Les étoiles brillaient tout de même moins dans le noir et la lune semblait disparaître, comme aspirée. Le jour arrivait peu à peu, redonnant une couleur claire à chaque élément du paysage.

On ne savait pas où il s'était levé, ce soleil. On sait juste que ça devait être derrières les montagnes, mais personne ne sait ce qu'il y a derrière. C'était bien trop loin. Chaque seconde, le soleil avançait d'un mètre. Il prenait de l'avance sur la nuit, la rattrapait presque. Il avait commencé à éclairer quelques terres de l'est. Mais il restait un grand travail à accomplir, et ce travail, il le faisait tous les jours. La Toison Argenté disparaissait dans le ciel redevenu plus clair. Le noir partait également, comme la nuit. Il fallait faire la place, comme tous les matins, au jour.

Nuée de Cendres se réveilla en sursaut dans la tanière. Elle était dans le camp de la Rivière, et il y a quelques secondes, elle était encore endormie. C'était la troisième fois qu'elle se réveillait dans la nuit, et ça serait la dernière, parce qu'elle en avait marre. Elle en avait marre de dormir au milieu de cette odeur répugnante, celle de poissons. C'était ce qui la réveillait à chaque fois. Cette odeur de saumons, thons, carpes. Elle allait finir par se transformer en poisson si ça continuait. Elle suffoquait à moitié lorsqu'elle dormait.

En regardant autour d'elle, elle constata qu'il faisait un petit peu jour. Le matin, ou plutôt, la période avant le matin. Bref, ce n'était plus la nuit, et elle n'allait pas rester une seconde de plus dans cet endroit poissonneux. Le clan de la Rivière faisait des parfais esclaves, mais pour l'hébergement, elle mettrait pas une seule étoile. Ils étaient serrés, et elle détestait lorsque un guerrier de la Rivière bougeait dans son sommeil et créait un contact entre les deux fourrures. Pouah ! Bref, tout se liguait contre elle. En tout cas, elle en avait ras le bol de dormir ici. Alors elle partait.

Dehors, elle fut accueillie par une rafale de vent. Il faisait vraiment froid. En tout cas, se vent la débarrassait de cette sale odeur de poissons, alors c'était toujours mieux que rien. Mais cela l'engourdissait aussi : il faisait véritablement froid. Elle commença à presser le pas, elle quitterait ce foutu clan pour passer la journée sur les terres de son véritable clan natal, pas cet endroit avec des guerriers qu'on confond avec des poissons. Elle se dirigea près de la rivière pour pouvoir rentrer chez elle. La rivière était gelée : preuve du froid et les roseaux étaient recouverts de gel.

La Saison des Neiges. Quand s'arrêterait-elle ? Il faudrait laisser place à une nouvelle saison, non ? La Saison des Feuilles Nouvelles, oui, là, ça serait bien. Se réchauffer un peu … parce que là, on gelait sur place. Et l'herbe verte ramènerait un peu plus de proies pour combler la réserve de gibier. Oui, elle avait hatte de se retrouver avec la Saison où on peut observer les bourgeons. Elle n'était pas forcement poétique, mais là, elle en avait par dessus la tête de ce froid. Elle aperçut bientôt les frontières de ce territoire.

Elle les traversa rapidement, et continua à presser le pas. Elle préférait largement son territoire à celui des mangeurs de poissons. Déjà, son territoire était plus couvert, et le vent se faisait ralentir par les nombreux arbres, et ça, c'était quand même pas trop mal. De plus, elle aimait bien son côté ''accueillant'' avec toutes ces ronces. Oui, ces belles arrières de ronces que seuls les Ombreux pouvaient contourner facilement. Ces ténèbres avec la pinède. D'ailleurs, elle y voyait maintenant un peu plus clair grâce au soleil qui s'était un peu levé. Mais juste un peu tout de même. Voici le matin.

Elle ne savait pas ce qu'elle ferait ensuite. Allait-elle en tant qu'espionne patrouiller – ou plutôt espionner – aux frontières ? Allait-elle chasser pour nourrir son camp qui ne dirait pas non contre une bonne proie chaude ? Devait-elle aller se rendormir dans un endroit beaucoup plus sain que celui qu'elle avait quitté ? Il ne devait pas avoir beaucoup de monde au camp quand même. Tout le monde se prélassait à la rivière. Elle n'avait croisé personne en venant ici, ce qui était plutôt rare. Mais les derniers événements avaient beaucoup changé les emplois du temps des journées du clan.

Elle regarda de ses doux yeux bleus ce qui était autour d'elle. Des arbustes, des ronces, mais surtout, elle marchait sur une terre meuble. Une terre étrange, à la fois mouillée et souple, avec un peu de boue les jours humides. Elle était en pleins les marécages. A ce nom, certains guerriers pouvaient s'effrayer. Mais pas pour les chats du clan de l'Ombre. Les marécages étaient très apprécié pour les crapauds qui s'y réfugiaient souvent. Ou les grenouilles. Bref, ces petits batraciens verdâtres se sentaient comme chez eux sur les marécages. Avec toute cette eau, ils vivaient par plusieurs groupes joyeusement.

Elle continua à marcher dans les marécages, jusqu'à ce qu'elle voit une forme au loin. Ce n'était pas un prédateur comme un blaireau ou un renard car la silhouette était trop petite et surtout, c'était vraiment la forme d'un chat. Le vent soufflait dans le mauvais sens, elle ne pouvait pas savoir de quel clan venait le chat. Sans aucuns doutes, c'était sûrement un chat de son clan. Heureusement, la forme s'approchait d'elle et Nuée de Cendres faisait de même. Cela mettrait un peu d'action dans la journée. Elle reconnut bien vite une apprentie de son clan, évidemment.

Nuageuse Aile. Une apprentie de son clan. Nuée de Cendres aimait cette petite. Elle semblait toujours de bonne humeur. Cela changeait par rapport à son apprenti. Si seulement Nuage du Caméléon pouvait être un peu comme Nuageuse Aile. Elle remarqua que la novice était fatiguée, totalement épuisée. Qu’est-ce qu'elle avait fait ? On aurait dit qu'elle avait fait le tour de la forêt. Elle était toute essoufflée. Bien qu'étonnée, elle lui laissa prendre des forces. Finalement, la jeune chatte miaula :

« Nuée .. des Cendres ? C'est vide .. ici. Ils sont tous .. au camp de la Rivière.
- Maintenant qu'on a un plus grand territoire, c'est normal qu'il y ait un peu de vide, affirma-t-elle. Mais qu'est-ce que tu faisais pour être aussi essoufflée ? »

Aile s'assit rudement par terre. Elle mettait du temps à reprendre son souffle, même lorsqu'elle ne courrait pas autant. Faire la conversation risquait d'être long. Chaque inspiration lui faisait mal dans la cage thoracique, mais elle s’efforçait de les faire longues et profondes.

Elle pointa l'arbre foudroyé de la queue, qui la narguait de la bas.

J'essaye .. d'améliorer .. mon endurance. Elle se releva, s'assoir n'était pas bon, ça allait refroidir ses muscles. Je veux courir .. de notre camp à .. là bas.

A force de persévérance et d'entrainement, elle finirait par y arriver. Et elle trouverait un autre objectif. Elle se dit qu'au prochain essai, elle courrait moins vite pour faire la distance. Mais forcer ses pattes à aller à un rythme si ennuyeux, c'était un peu comme de la triche. Sa respiration se fit plus calme maintenant.

Je voulais dire, tu n'es pas là bas ? Avec les autres ?

Après tout s'était un véritable squat dans le camp de la Rivière. Et la pauvre excuse de " pour le bien de nos deux Clans " ne laissait personne dupe. Les Riveux étaient au services des membres du Clan de l'Ombre, effectuant les tâches ingrates et nourris au bon vouloir de leur envahisseur. Il y avait bien assez pour nourrir les deux Clans, même en cette mauvaise période. L'apprentie soupira.

Nuée de Cendres regarda l'apprentie se reposer un peu à terre, avec incompréhension dans ses jolies yeux bleus. On avait l'impression, à première vue que la petite venait de se faire courser par un renard. Elle paraissait vraiment épuisée, tout au contraire de l'espionne. Celle-ci avait jusqu'ici marché tranquillement, aucune trace de fatigue ne demeuraient sur son visage serein. Bon aussi, elle n'avait pas fait grand chose jusqu'à maintenant. Nuée de Cendres était quand même habituée à modérer ses forces pour que cela ne la nuise pas en pleine mission d'espionne. Elle attendit que Nuageuse Aile reprenne sa respiration et regarda autour d'elle.

Les deux chattes étaient seules, en plein milieu des marécages. Le territoire de l'Ombre était assez grand et il était rare de rencontrer beaucoup de ses compatriotes. Mais aujourd'hui, encore plus que d'habitude. L'apprentie avait raison de souligner le fait qu'il n'y avait pas grand monde, que ça soit sur la totalité du territoire ou dans le camp. Mais il fallait bien comprendre tous ces chats, le camp de la Rivière était un peu comme un spectacle où on assistait pour se faire plaisir. Se nourrir gratuitement, se divertir pendant que les autres travaillaient, un vrai rêve quoi.

Depuis presque une lune, -enfin Nuée de Cendres s'y perdait presque avec tous ces événements – le clan de l'Ombre avait envahi le camp des bouffeurs de poissons. Cette situation rendait le clan de l'Ombre encore plus puissant, comme quoi, le malheur des uns fait le bonheur des autres. En effet, les chats du clan de la Rivière semblaient bien malheureux, ce qui n'était pas forcément dur à comprendre. Avec un nouveau territoire en poche, le clan de l'Ombre était sur de prendre la tête du classement du plus fort camp de la forêt. Pour toujours.

« J'essaye .. d'améliorer .. mon endurance. »

Nuée de Cendres la jugea du regard rapidement. C'était une décision qui montrait le travail acharné de Nuageuse Aile pour devenir une guerrière. Un juste choix. Pour s'améliorer. Pourquoi pas ? Nuée de Cendres, elle, n'aimait pas trop courir comme ça. Elle le faisait que lorsqu'elle chassait ou lorsqu'elle était en mission. Marcher, aller à un rythme pas trop rapide lui convenait parfaitement. Mais lorsqu'on était apprenti, on avait beaucoup d'énergie pour faire toute sorte de choses. Qui était utile ou non. Maintenant, Nuageuse Aile était un peu fatiguée mais elle récupérait très très vite.

« Je voulais dire, tu n'es pas là bas ? Avec les autres ? »

Nuée de Cendres la regarda avec hésitation. Elle savait très bien que Nuageuse Aile détestait cette ''alliance'' qui affaiblissait le clan de la Rivière. Ce n'était pas juste. L'espionne, elle, voyait cette alliance d'un plutôt bon œil même si elle ne voulait pas rester toute la journée avec les chats de la Rivière. Mais elle comprenait un peu ce qui pouvait déplaire à l'apprentie. Tout cela ne respectait pas le code du guerrier. Il fallait tout de même éviter de le crier haut et fort. Mais cette alliance était quand même bien positive pour les Ombreux, non ?

« Je ne veux pas rester constamment à côté de ces mangeurs de poissons. J'aime aussi aller sur les terres de notre clan. »

Si ça continuait, il allait lui pousser des écailles sur son pelage dans cette odeur de poisson de l'autre camp. Nuée de Cendres aimait bien se promener ici. C'était véritablement chez elle. Les marécages, la pinède, toutes ces ténèbres. C'était vraiment mieux ici. Mais avoir un plus grand territoire était très intéressant. Nuée de Cendres apprenait pleins de choses avec des petits coup d’œils sur la faune et la flore de ce nouveau territoire. Il y avait beaucoup d'animaux et de plantes aquatique comme les nénuphars. Elle miaula :

« Pourquoi tu n'aimes pas cette alliance ? Cela aide le clan de l'Ombre pourtant. »

Nuageuse Aile donna quelques coups de langue au traces de boue sur son pelage tacheté. Elle fixa Nuée des Cendres de ses yeux dorés avec un air sérieux dans ses prunelles.

J'estime que tout le monde à le droit de vivre libre et en paix et c'est avec ça que j'ai un problème. Elle continua de regarder la féline avant de se dire qu'elle ferait bien d'argumenter. Nous n'avons pas besoin de venir vampiriser un autre Clan pour passer l'hiver. Je suis tout à fait contre le fait de venir squatter dans un Clan et de tuer les braves membres qui veulent juste un minimum de liberté. Je vais pas m’asseoir sur cette idée parce que ça nous rapporte quelques poissons en plus.

Elle reporta son attention sur son pelage et lui donna quelques coups de langue plus acharnés. Elle avait envie-encore- de passer ses nerfs sur la guerrière. Après tout, elle et tous les autres, n'avaient pas l'air contre. Il n'y en avait pas un qui était fidèle au Code du Guerrier et qui était choqué par cette idée ? Ou ils étaient trop lâches pour l'ouvrir. Elle qui réfutait les idées préjugées sur le Clan de l'Ombre, ces idées étaient peut-être fondés finalement.

L'alliance entre le clan de la Rivière et de l'Ombre. Désormais, c'était le potin assuré entre les deux clans. Chez le clan de l'Ombre, on parlait plutôt de ça l'air guilleret, comme un bon présage. Dans le clan de la Rivière, c'était avec beaucoup moins enthousiasme qu'on parlait de ça. Cette nouvelle ère pour les deux clans était sans cesse mentionnée dans la moindre conversation, et tout le monde y pensait. Nuée de Cendres n'échappait pas à la règle. Alors que la conversation avec l'apprentie s'était dirigée vers l’entraînement d'endurance de Nuageuse Aile, le sujet avait été relancé sur l'alliance.

Nuée de Cendres espérait qu'elle n'avait pas gâché la conversation avec l'apprentie qu'elle appréciait quand même beaucoup. Nuageuse Aile était très sensible sur tout ce qui concernait ce sujet. Ce qui était plutôt étrange c'était qu'elle réagissait comme si elle avait été un membre du clan de la Rivière. A se plaindre que cette alliance n'avait rien du tout de bénéfique pour le clan de la Rivière et patata et patati. Il était vrai que tout ça était un peu excessif, mais si le clan de l'Ombre voulait dominer toute la forêt, ce n'était que le début de sa domination.

Bon, peut-être que l'assassinat de Pelage de Givre avait été un peu rude, surtout pour la jeune chatte. Tout cela n'était pas très joli-joli. Enfin, c'était nécessaire pour le développement du clan de l'Ombre. Ici, c'était la loi du plus fort. Il fallait juste ne pas vivre parmi les faibles. Nuageuse Aile avait de la chance de vivre dans un clan fort, dont la parole était loi pour déjà un clan. Elle ne préférait pas quand même être à la place des Riveux, quand même ? Il fallait assumer la charge de suivre le camp dans lequel on vit.

« J'estime que tout le monde à le droit de vivre libre et en paix et c'est avec ça que j'ai un problème.Nous n'avons pas besoin de venir vampiriser un autre Clan pour passer l'hiver. Je suis tout à fait contre le fait de venir squatter dans un Clan et de tuer les braves membres qui veulent juste un minimum de liberté. Je vais pas m’asseoir sur cette idée parce que ça nous rapporte quelques poissons en plus. »

Nuée de Cendres regarda l'apprentie. Celle-ci semblait vraiment déterminée. Mais dans la forêt, la compassion n'avait pas sa place. Il fallait lutter contre les autres pour se protéger. Ça se trouve, un jour, le clan de la Rivière, gouverné par un chef plus ambitieux aurait voulu faire la même chose avant. De plus, le clan de l'Ombre était sensé inspirer de la terreur, sentiment qui paraissait être oubliée. Il fallait bien que ce clan retrouve sa bonne vieille réputation. Tout ça pour dire que le clan de l'Ombre n'allait pas faire des câlins aux chats du clan de la Rivière.

« Je ne peux pas te dire que c'est juste. Je peux juste te dire que c'est comme ça. Le clan de l'Ombre est comme ça, assoiffé d'ambition et de pouvoir. Rien ne pourra changer ça, même pas toi. Il faut juste suivre le mouvement. »

Suivre le mouvement ?

L'apprentie buttait sur cette phrase alors qu'elle était à deux griffes de lâcher la discussion. Les gens étaient compliqués à faire changer d'avis et elle n'avait pas envie de se lancer dans un éternel débat auquel elle pourrait rétorquer à chaque argument de la guerrière et vice versa. Elle passa outre le ton fataliste de Nuée des Cendres qui lui arracha un soupir. Il y avait bien des gens qui faisaient bouger les choses, pas forcément pour le bien la preuve.

Suivre le mouvement n'évite pas toujours les ennuis, il vaut mieux penser par soit même quand on court tous vers la falaise.

Avec cette alliance avec le Clan de la Rivière, elle avait l'impression que le Clan de l'Ombre courrait après les ennuis. Certes, imposer un peu de respect aux autres Clans étaient utile, mais chasser violemment les intrus étaient amplement suffisant. Les deux autres Clans restant devait se sentir en position de faiblisse et allait peut-être conclure une alliance si les tensions devenaient plus sérieuses. Et si il avait une grande bataille, destruction mutuelle assurée.
La féline s'étira pour chasser ses pensées. Elle commença à marcher parce qu'il faisait trop froid pour rester immobile. Elle huma l'air hivernal, qui ne lui rapporta aucune odeur de gibier. Dommage .. Elle jeta un coup d’œil vers l'eau des marais dans l'espoir d'y apercevoir ..

Une grenouille ! chuchota t-elle en se léchant les babines.