Nuage du Citron était partie se promener seule dans la forêt. Elle n'avait pas d'entraînement ou de corvées à faire cet après-midi là et pouvait donc se le permettre. L'apprentie-espionne appréciait la solitude de temps en temps. Et ce même si elle aimait sincèrement sa famille et son clan.

En fait depuis quelques temps la jeune chatte était assez déprimée... Etoile du Souvenir sa mère adoptive avait disparu et un nouveau chef avait pris sa place, Etoile Flamboyante. Nuage du Citron avait beau savoir que la place ne pouvait rester vacante elle en voulait à son nouveau meneur de remplacer celle qui avait eu la bonté de les accueillir sa fratrie et elle dans le clan.

Car oui Nuage de Citron, son frère Nuage d'Abricot et leur soeur Nuage d'Acacia n'étaient pas nés dans le Clan du Tonnerre. Leur mère était une chatte domestique et leur père un ancien vétéran du Clan devenu solitaire. Pour empêcher les bipèdes de prendre leurs chatons ils les avaient confiés à Etoile du Souvenir et son Clan.

C'était pour cela que la chatte comptait énormément pour la petite chatte au pelage crème. Et maintenant elle ne savait même pas si elle était encore en vie... Donc oui Nuage du Citron ressentait le besoin de s'isoler.

Elle se promenait entre les arbres laissant son esprit vagabonder quand un cri de détresse lui fit dresser les oreilles. Une odeur parvint jusqu'à elle lui faisant plisser les yeux. Le Clan du Vent ? Elle était pourtant encore sur son territoire... Mais une autre odeur la fit grimacer. Celle de la peur.

Après une hésitation elle décida d'aller voir ce qui se passait. Malgré sa loyauté farouche envers son Clan elle ne pouvait pas laisser un chat en détresse sans rien faire. Le Code du Guerrier ne le permettait pas. Son cœur non plus d'ailleurs. Aussi se mit-elle à courir en utilisant ses sens et son don de l’observation pour se diriger.

Après quelques minutes de course folle elle s'arrêta net et fixa avec incrédulité un chaton en train de s'accrocher désespérément à une branche d'arbre, suspendu au dessus du vide.

- Bon sang... Qu'est-ce que...

Grognant entre ses dents la jeune chatte se mit à observer l'arbre et soupira. Elle n'avait pas encore appris à grimper et ne voulait pas se casser le cou merci bien. Heureusement il n'était pas monté très haut. Elle vint donc s'installer sous la branche et miaula avec fermeté.

- Laisse-toi tomber je te rattraperai et amortirai ta chute. Et après tu pourras m'expliquer ce qu'un chaton du Clan du Vent fait sur le Territoire du Clan du Tonnerre.

Rah comme si elle avait que ça à faire que de jouer les kitten-sitter. Néanmoins une lueur d'inquiétude brillait au fond de ses yeux. Elle n'en avait pas l'air, mais elle avait l'instinct maternel et protecteur notre petite apprentie-espionne.

Le soleil est à peine levé lorsque j’ouvre mes grands yeux bleus sur le monde qui m’entoure. Je grogne et grommelle, il n’est pas habituel que je sois réveillé si tôt ! Un peu étonné je regarde tout autour de moi et fini par trouver la cause de mon soudain éveil. Je soupire, c’est encore Petit Typhon qui gigote partout en dormant ! Ce frère n’est vraiment pas possible. Les mouvements réguliers du ventre de ma mère, Fleur de Vipérine, sont apaisants c’est vrai mais je n’ai plus aucune envie de dormir. Pourtant n’importe qui qui me connaît bien sait qu’il est impossible de me rendormir une fois mes yeux totalement ouverts ! Qu’à cela ne tienne, mon frère me payera cela cette après-midi. Mon regard se tourne vers la sortie du camp et une lueur excitée s’allume dans mes yeux. J’ai beau avoir la tête ailleurs j’adore l’aventure… La punition de mon frangin attendra peut être plus que cette après-midi. Je me mets debout doucement, me retenant de m’étire pour ne déranger personne, et me dirige vers l’enceinte du camp. La plupart des guerriers et guerrières dorment et la patrouille de l’Aube vient tout juste de partir. C’est le moment idéal pour un petit chat comme moi pour partir faire plein de découverte ! Une fois la sortie passée discrètement je me tourne vers le camp. N’est-ce pas un peu dangereux d’y aller seul… ? Peut-être que je devrais emmener quelqu’… OH UN PAPILLON ! Je parlais de quoi déjà ? Le soleil entame sa course tranquillement tandis que moi je prends ma nouvelle proie en chasse. Je ne me soucie même plus de mes précédentes questions, en avant toute jeune félin ! Eh mais c’est mon nom ça non ? Orf, on s’en fiche !

Voilà toute la matinée que je cours après ce petit être ailé, si bien que je ne sais plus du tout où je suis. Toutes ces odeurs qui me sont inconnues m’assaillent. Intrigué, bien plus par l’alerte de mes sens que par cette proie que je ne pourrais jamais tenir entre mes pattes je continue d’avancer, tournant la tête dans tous les sens. Comment ça je devrais regarder où je marche ?! Je ne risque pas d’être tête en l’air au point de mettre ma patte dans un tro…

« Au secouuuuuuurs ! »

Oui je sais j’aurais dû faire plus attention et regarder devant moi… Mais le fait est que je n’ai pas vu ce vide au-dessus duquel je me retrouver perché. Je me suis retenu à ce que j’ai pu, c’est-à-dire une maigre branche d’arbre qui ploie même sous ma toute petite masse ! Un peu effrayé je trouve tout de même que cette grande immensité de… Rien en dessous de mes pattes est impressionnante. Alors que je m’amuse à balancer ma patte vers une araignée qui a tissé sa toile entre la branche qui m’a sauvée et une autre, une voix rompt mon moment de perdition.

- Laisse-toi tomber je te rattraperai et amortirai ta chute. Et après tu pourras m'expliquer ce qu'un chaton du Clan du Vent fait sur le Territoire du Clan du Tonnerre.

Je baisse les yeux, essayant de localiser cette voix. C’est alors qu’un chat, ou plutôt une chatte aux vues de la voix, entre dans mon champ de vision. Elle est plus grande que moi, j’en déduis donc qu’elle doit être plus âgée. Sans doute est-ce une apprentie… La chance ! Moi aussi je veux tout apprendre ! Je dois avouer ne pas vraiment avoir écouté sa phrase, mais je me dandine tellement sur ma branche que celle-ci craque d’un air menaçant. Je continue de la regarder avec envie sans même me rendre compte que la seule chose à laquelle je me retenais vient de… Céder tout simplement. Je réalise alors que je tombe comme un fruit bien mur et me met à rire de cette comparaison. J’atterrie sur celle qui m’avait promis d’amortir ma chute. Je relève la tête, un peu secoué, essayant de la regarder dans les yeux. Je me remets debout devant elle.

« Merci de m’avoir sauvé ! T’es gentille toi ! Tu viens d’où ? Tu sens pas comme moi… Et py t’es plus grande que moi ! T’es une apprentie ? Moi je suis Petit Félin, un chaton du clan du Vent ! Je suis désolé, je pourchassais un papillon et j’ai pas vu qu’il n’y avait plus de terre sous mes pattes… »