Nuage des Tropiques s'était levée assez tôt aujourd'hui. Elle regarda l'aurore et ses beaux nuages teintés de rose et de blanc avec la boule de feu orangé. Nuage des Tropiques adorait le matin, il faisait frais, beau car personne n'avait endommagé la rosée qui faisait briller les plantes. Et aussi, il n'y avait aucun bruit. Aucun bruit. Nuage des Tropiques en était ) l'heure où les oiseaux étaient encore endormis et par conséquent, ils ne piaillaient pas avec leur bruit bien plus qu'insupportable. Les animaux dormait eux aussi encore après leur nuit de chasse. Le matin était vraiment magnifique et idéal pour être tranquille. Nuage des Tropiques raffolait ce calme divin. Elle sortit de la tanière de Menthe Poivrée tout en évitant de faire de bruit : elle ne voulait pas réveiller son mentor qui pouvait être de mauvaise humeur lorsqu'on la réveillait. Elle avança hors de sa tanière juste après avoir observé les plantes. Il manquait rien en particulier. Grâce à son gros travail, Nuage des Tropiques avait bien rempli la réserve de son mentor ! Elle voyait une quantité de mousse et de fleur de pavot incroyable. Elle décida de sortir juste pour le plaisir et voir si elle voyait des plantes sur le chemin. Elle était en pleine forme et elle ne pouvait pas penser à se rendormir. Tant pis, elle se coucherait tôt aujourd'hui. Elle partit donc sans faire bruit dans le camp.
Le camp était tout calme, Nuage des Tropique marcha doucement vers la petite rivière qui servait de point d'eau. Elle avait la gorge toute irritée mais elle n'avait pas faim. C'est donc qu'une fois qu'elle ait bien bu qu'elle partit. Elle adorait le territoire du clan de la Rivière car le bruit du courant la berçait souvent. Ce fut ainsi qu'elle marcha en suivant la rivière des yeux. La rivière était assez calme, le vent faisait naître de douces vagues sur sa surface lisse. L'eau était d'un beau bleu turquoise avec un sol de vase foncé. Les roseaux se penchaient sur l'eau comme pour s'admirer. Et puis tout à l'horizon, il y avait le soleil. Le soleil qui se levait. Le ciel devenait bleu lâchant les couleurs pastels du rose et jaune. Malgré la saison des feuilles mortes, ça promettait d'être une belle journée. Nuage des Tropiques regardait aussi les feuilles qui tombaient un peu partout.
Nuage des Tropiques décida de s'écarter de la rivière, allant toujours plus loin. Le terrain herbeux commença à être remplacé par de beaux champs. De beaux champs colorés. Soudain, l'attention de Nuage des Tropiques fut basée sur une belle plante. Elle l'avait déjà vu quelque part, Menthe Poivrée lui en avait montré des dizaines, mais celle-là, elle était sur de déjà l'avoir vu ! Elle décida d'en apporter donc à son mentor. Nuage des Tropiques avait au début détesté devoir chercher des plantes mais maintenant, ça allait. Elle arracha la plante avec ses griffes quand elle vit une ombre sur son côté. Elle remarqua tout de suite la forme d'un chat et lança :
"Bonjour."

Pour quelqu'un de normal, apercevoir une grande chatte à l'allure macabre était synonyme de danger. Sentir la puanteur de l'Ombre sur elle n'en était pas moins effrayant. Voir des cicatrices sur son visage était pire qu'apercevoir un fantôme. Pourtant, Nuage des Tropiques, dans son insouciance d'apprenti, ne partit pas. Elle fit l'erreur de rester. Il existait des chats qui naissaient méfiants, bah, pour Nuage des Tropiques, personne étaient méchants. Bon, elle n'avait jamais rencontré jusqu'à présent des chats véritablement méchants pour lui faire comprendre ça. Nuage des Tropiques avait l'innocence même d'un petit chaton, et dans ce fait, cela la rendait très imprudente. Très. Comme rester en face d'une chatte de l'Ombre, ce clan qui n'a pas la réputation d'être ''gentil''. Elle dévisagea l'inconnue, à sa carrure, Nuage des Tropiques devinait que c'était une guerrière. Une guerrière du clan de l'Ombre devant elle ! Quelle chance elle avait ! On disait que c'était les plus farouches chats de la forêt ! Bien que Nuage des tropiques préférait son beau clan de la Rivière, le clan de l'Ombre semblait excitant ! Personne ne connaissait rien du clan de l'Ombre, à part ses habitants. Il étaient tellement … secrets. Elle se demanda si elle pourrait faire connaissance de cette grande guerrière. Celle-ci devait avoir beaucoup d'autorité dans son clan, elle le sentait. Déjà, il lui faudrait son nom, non ? Finalement, la guerrière lui parla, mais d'une voix froide que Nuage des Tropiques préféra ignorer.

« Je suis Affliction du Guépard, du Clan de l'Ombre. Et toi, tu es un chaton ou une apprentie ? Tu es bien trop petite pour être guerrière. »

Affliction du Guépard … du guépard ? Peut-être que la guerrière courrait aussi vite qu'un guépard, qui sait ? Nuage des Tropiques se regarda rapidement, oh, elle semblait tellement petite face à … Affliction du Guépard. Elle aimerait bien être grande, mais il faudrait beaucoup de lunes et de poissons ! Peut-être qu'un jour, elle serait aussi grande que Affliction du Guépard. Soudain, la petite apprentie songea qu'il n'était guère polie de ne pas répondre. Alors, elle se lança rapidement :

« En effet, je ne suis pas guerrière. Mais je ne le serais jamais car je vais devenir la plus grande guérisseuse que la forêt ait connu ! Je suis Nuage des Tropiques »

Nuage des Tropiques était toujours très fière d'être apprentie-guérisseuse. Tout ce qu'elle voulait, c'était aider les chats de son clan. Elle regarda de nouveau la guerrière. Elle se demanda comment était le clan de l'Ombre. Alors elle demanda en posant une question qui lui tenait à cœur :

« C'est vrai que vous mangez des serpents et des grenouilles ? »

Nuage des Tropiques entendait parfois des chats dirent «les sales bouffeurs de reptiles ou de batraciens» pour qualifier le clan de l'Ombre. Et la petite apprentie-guérisseuse trouvait ça incroyable que le clan de l'Ombre mange de telles bestioles.

Nuage des Tropiques commençait à avoir un gros doute quand même. Elle avait l'impression de se trouver dans un gros conte de fées où la petite gentille ne doit pas parler au méchant. Pour ça, c'était raté. Elle commençait à avoir une grosse envie de repartir sur son doux territoire du clan de la Rivière avant de regretter d'être venue ici. Pourtant, elle ne voulait pas montrer à la guerrière ennemie qu'elle pouvait avoir un peu peur. Elle voulait faire une bonne impression de son clan. Son clan était un clan courageux. Alors elle le serait aussi. Pour son clan. Elle respira pour qu'une bouffée de courage monte en elle. Pour qu'elle trouve la force de rester ici et de ne pas s'enfuir en courant. Elle allait être courageuse, elle le serait. Elle essaya de soutenir le regard perçant de la guerrière avec tout de même une pointe de peur en elle. Pourquoi elle était là et pas au chaud dans sa tanière ? Parce qu'elle ne s'était passé enfuie lorsqu'elle le pouvait. Elle regrettait sa rivière, si caractéristique de son territoire. Il y avait aussi une petite nausée qui ne voulait pas partir.

Est-ce que la guerrière avait une bonne opinion des guérisseurs ? Car beaucoup de guerriers pensaient que c'était juste une perte de temps que d'apprendre les multiples remèdes. Surtout les guerriers de l'Ombre à ce qu'il paraît. Pourtant, être guérisseur était très important. Plus tard, je sauverai pleins de vies. Affliction du Guépard semblait plus terrifiante à mesure que les secondes passaient. Pourrait-elle trouvait la force de rester ici ? Finalement, la guerrière lança d'une voix rauque :

« Effectivement, nous mangeons des reptiles. Personnellement, je préfère ça à des poissons. »

Nuage des Tropiques faillit s'indigner. Les poissons étaient la meilleure nourriture au monde ! Il y avait des carpes, des saumons, mais Nuage des Tropiques gardait un goût singulier pour le brochet. Le poisson était bien meilleur que n'importe quel reptile. Plutôt mourir qu'en manger. Rien n'est plus doux que la chair du poisson. Mais Nuage des Tropiques n'était pas assez folle pour engager un débat là-dessus face à une guerrière deux fois plus grande qu'elle qui du surcroît est du clan de l'Ombre.

«  Alors tu as choisie la voix du Guérisseur ? Pourtant, tu as de bonnes qualités pour le combat. Je peux te montrer quelques techniques. Et ne crois pas que je suis faible juste parce que je suis borgne et défigurée ! »

Nuage des Tropiques loucha sur la guerrière. Elle ne se sentait vraiment pas bien. Non, elle ne pensait pas que l'autre était faible. Elle pensait surtout que l'autre pouvait la faire basculer à plusieurs queues de renard d'ici en un seul mouvement. Ce qui serait plutôt dommage pour Nuage des Tropiques. L'apprentie-guérisseuse miaula, timidement :

« Je n'aime pas me battre. Je préfère la chasse au combat. »

Nuage des Tropiques regarda le sol, un peu gênée.La guerrière du clan de l'Ombre paraissait tellement grande, tellement forte. Déjà que certains trouvaient le rang de guérisseur stupide, tout le monde voulait combattre. Une particularité qu'on retrouvait dans tous les clans, même le sien ! Des assoiffés de sang qui ne vivaient que pour se battre, pouah ! En un certains sens, elle aussi elle se battait, elle se battait contre les maladies … Mais se battre … C'était quand même dangereux ! On pouvait y perdre une patte, un œil aussi, ou encore la vie. La mort était encore un sujet bien sensible pour Nuage des Tropiques, bien que ça soit aussi une de ses taches futures. Accepter a mort. Nuage des Tropiques ne la connaissait pas encore assez pour en avoir horreur. Mais oui, elle la craignait, elle craignait la mort. Elle avait peur de voir mourir des proches autour d'elle. Si elle devenait guérisseuse, elle devait savoir tout guérir.

Elle se crispa lorsque la guerrière commença à lui tourner autour, telle un prédateur autour de sa proie. Nuage des Tropiques aimait bien chasser un peu, c'était une activité tout à fait saine qui contribuait au développement du clan. Menthe Poivrée, son mentor, lui avait apprit la base de la chasse ou plutôt de la pêche. Avec un peu de chance, elle pouvait de temps en temps attraper un rongeur ou pêcher un cabillot. Elle avait donc aussi appris les rudiments de la chasse, bien que face à n'importe quel autre clan, cela ne lui permettait pas grand chose. En fait, Nuage des Tropiques misait plus sur l'intelligence ou la ruse que la force brute. Elle comptait aussi sur sa petite taille d'apprentie pour se faufiler partout et fuir plus rapidement. Elle n'était pas du genre à chercher bataille.

Elle préférait soigner, le plaisir d'avoir soigner quelqu'un. Lorsqu'elle réussissait à guérir, disons par exemple un rhume, elle sentait la fierté monter en elle. Devenir guérisseuse était son plus grand rêve. A jamais. Elle sentit la patte de Affliction du Guépard sur son dos et elle se courba, ventre au sol. Lorsque la patte se resouleva, Nuage des Tropiques resta en cette position et tourna la tête vers la guerrière. Celle-ci adopta une posture, ventre presque plaqué au sol, queue presque à terre, la position du chasseur … pour proies terrestres.

« C'est bien, de manger des poissons, mais je ne connais que très peu la pêche, donc je ne peux pas te montrer. Adopte la même position que moi, c'est la position du chasseur. Chaque détail de la pose est importante, ne l'oublie pas. » 

Nuage des Tropiques ne sut pas ce qui la motiva, mais elle essaya de reproduire la pose exacte que prenait la guerrière sans réfléchir. Pourquoi elle faisait ça ? Peut-être que être un peu plus forte la charmait. Elle se sentait des fois faibles, petite, peut-être que cette guerrière pouvait réellement l'aider à avoir plus de confiance en elle ? Elle commença à essayer de marcher un peu, toujours en cette position, feignant de suivre une piste. Après quelque pas, elle lança :

« On peut essayer de chasser quelque chose? »

Après tout, elles étaient bien sur des Terres Libres. Le gibier appartenait à tout le monde. Si elle pouvait mettre ça en pratique, ça serait vraiment super. Mais même si elle aimait la chasse, la guérison sera toujours un but plus fort dans son cœur.

Nuage des Tropiques regarda autour d'elle, même les nuages gris. Cela faisait bizarre d'être avec une guerrière du clan de l'Ombre. Surtout lorsque les reines racontaient : «Va te coucher, sinon, j'appelle une méchante guerrière du clan de l'Ombre et elle va te manger. » Cela n'avait pas vraiment fait peur à la novice, mais elle se couchait tout de même, obéissante nature. Pourtant ici, elle était avec une guerrière du clan de l'Ombre, rien ne s'est vraiment passé de ''dangereux'', elle lui apprenait juste à améliorer cette technique de chasse. Cela peut être pratique si le clan avait faim. Elle ne savait pas si elle transgresse le code du guerrier, aucune d'entre elles a franchi un territoire. Elles étaient là, dans les champs. La règle n'était pas dans le code du guerrier – de toute façon, ça serait plutôt le code de la guérisseuse avec elle – mais cette rencontre n'était peut-être pas vue d'un bon œil. Bah … tant pis ! Un, le code disait aussi qu'elle n'était pas vraiment concernée pas les rivalités claniques. Deux, elle ne faisait que de s'amuser, et c'était ce qu'elle voulait. La vie pouvait être si simple, pourquoi tout le monde veut la rendre compliquée ? Tout ce qui lui importait à elle, c'était le temps du lendemain, rien de plus.

Elle vit Affliction du Guépard hocher la tête, signe d'un départ : on attrape pas une proie en discutant ! La guerrière commença à avancer, Nuage des Tropiques la suivit. Elle commença à trottiner, la novice la suivit. Elle s'élança, l'apprentie-guérisseuse s'élança aussi. Des les premières secondes, les petites pattes de Nuage des Tropiques n'arrivèrent pas à suivre celles de l'Ombreuse. Elle était rapide, rapide comme les gué..., guépards ! Elle avait déjà entendu le nom de ce fantastique animal – dans les histoires des anciens – et avait appris que c'était de très grands chats, tacheté pour la plupart, d'un pelage doré avec des taches de nuit, … Et surtout, courant plus vite que le vent. Elle avait aussi appris que les guépards avaient un curieux système de griffes, mais ça, elle s'en fichait. Peut-être que la guerrière s'appelait ainsi car elle courait aussi vite qu'un de ces mythiques félins ? Elle n'avait pas encore vu de guépards pour ainsi comparer à Affliction du Guépard, mais qui sait ? Avec un peu d'imagination, rien n'est impossible, rien.

Elle essaya de courir le plus vite possible, mais quelques fois, Affliction du Guépard s'arrêtait et elle pouvait revenir à s a hauteur. Hauteur qu'elle reperdait aussitôt quelques secondes après. Malgré toute sa bonne volonté, elle n'allait pas très vite et le souffle commençait à manquer. Elle soupira de soulagement lorsque la grande guerrière s'arrêta. Autre décor. Nouveau paysage. Toujours dans les champs – ils étaient tellement grand ! - mais avec des sortes de plantations différentes. Elle regarda Affliction du Guépard, avec de l'impatience dans ses yeux ambrés. Affliction du Guépard lui lança :

«Hume l'air, et dis-moi tout ce que tu sens, affine tes sens. Je vais t'apprendre le combat, la chasse, comme ça, tu saura... Tout. Le combat ne sera que pour te protéger et défendre, car, je respecte parfaitement ta vocation de guérisseur.» 

Nuage des Tropiques jeta un regard inquiet lorsqu'elle entendit «combat», elle détestait ça. Mais bon, pour l'instant, c'était ''chasse'', tant que ce n'était que ça, elle n'avait pas à s'inquiéter. Elle huma l'air comme lui disait la guerrière et attendit quelques secondes en silence. Au début, la novice ne sentait que le vent. Elle continua encore un peu … un peu … Soudain, l'odeur d'un campagnol lui parvint au museau. Contente, elle lança :

« Un campagnol ! Là-bas ! »

Sans attendre une réponse de l'Ombreuse, la petite commença à s'élancer en direction de là où semblait être un campagnol. Enjouée, elle arriva bientôt dans un endroit proche de celui du rongeur. Elle se baissa en essayant de reproduire la pose exacte qu'avait prise Affliction du Guépard, et regarda droit devant elle le campagnol. Celui-ci semblait manger quelque chose et était assez absorbé par sa tache. Un peu déçue, elle vit qu'il était pas tout dodu comme elle l'aurait pu l'espérait. Mais bon, c'était toujours mieux que rien et Nuage des Tropiques avait aussi un peu faim … Elle murmura tout doucement :

« Je fais quoi, là ? »

Nuage des Tropiques était tout à fait heureuse : elle avait réussi à débusquer une proie. Un campagnol, même. Un peu maigre, certes, mais c'était mieux que rien. Avec ses yeux ambrés qui luisaient d'une lumière victorieuse, la novice ne lâchait pas du regard le rongeur qui cherchait les dernières graines de la saison. Il était d'une belle couleur brune. L'apprentie-guérisseuse sentait l'excitation venir du plus profond d'elle, son sang bouillait. Elle voulait chasser, chasser. Elle aimer bien chasser, ça pouvait aider son clan à se nourrir, alors ça allait. Même si elle avait pas beaucoup d'occasion, elle pouvait chasser de temps en temps. Mais là, elle se sentait prête plus que jamais. C'était aujourd'hui, maintenant qu'elle pouvait s'améliorer. Ave un vrai guerrière qui plus est.

Pendant un instant, elle leva la truffe pour sentir d'autres odeur. Elle fut tout de suite attirée par une douce odeur familière. La chatte noire tourna la tête et aperçu des plants d'herbes à chats. Son instinct d'apprentie-guérisseuse prit le dessus pendant quelques secondes où la petite commença à essayer de repérer le plus d'herbes médicinales possible. Elle s'adressa une baffe mentale après avoir vu au loin un buisson de baies de genièvre. Non. Elle devait se concentrer à la chasse. Elle n'était pas au camp, elle était libre de penser ce qu'elle voulait et se détendre. Elle était là pour ça.

Si elle était dans les Terres-Libres, c'était pour se décompresser un peu. Elle était libre de faire ce qu'elle voulait. Elle devait oublier son camp quelques minutes. Elle se concentra à nouveau sur le campagnol qui était toujours là. Car heureusement, le clan des Étoiles apportait le vent vers elle et le campagnol ne pouvait la sentir. Parfait. Elle avait hatte de l'attraper. Oh, elle avait tellement envie que ce fichu rongeur soit entre ses pattes. Entre ses griffes. Nuage des Tropiques vit la guerrière s'approcher. Celle-ci lui remontra la bonne technique de chasse. La novice s'exécute en se courbant. Elle ne doit rien rater !

« Avance en marchant sur tes coussinets, et maintiens ta position... Une fois à bonne distance, tu balance ton poids en arrière, tu calcule la longueur du saut et tu l'attrape, en sortant les griffes. Ensuite tu l'achève. Presse-toi ! » 

Nuage des Tropiques ne se le fit pas dire trois fois. Elle essaya de garder cette position. Elle avança doucement, centimètres par centimètres, vers le rongeur. Elle sentit son cœur accélérer. Mais surtout, elle se sentait vivante. En pleine forme. Elle continua d'avancer un peu en priant le clan des Étoiles. Elle devait réussir. Oui. Lorsqu'elle sentit instinctivement qu'elle était à ''bonne distance'', elle s'arrêta. Elle fixa le campagnol des yeux. Elle changea de position, appliquant les conseils d'Affliction du Guépard et après avoir bien respiré, elle sauta. Ce n'était pas le saut de l'ange, mais pendant une seconde, elle eut presque l'impression de voler.

Elle projeta ses griffes devant elle et essaya d'empêcher toute fuite. Elle le mordit à la gorge et regarda la petite chose retomber sur le sol. Heureuse, elle le prit et revint vers la guerrière. Un énorme sourire sur la visage. Elle le lacha devant elle et murmura doucement mais joyeusement :

« On partage ? »

Nuage des Tropiques regarda le campagnol. Elle se sentait fière d'avoir réussi à en chasser un, à en attraper même. Elle se sentait tellement vivante, tellement forte. Les plantes médicinales avaient un peu quitté la tête de Nuage des Tropiques pendant un cours instant. Mais elle n'allait pas les oublier pour autant ! Mais là, chasser un peu lui avait fait du bien. Elle aurait presque pu devenir guerrière. Mais il y avait juste le combat qu'elle n'aimait pas. C'était en partie pour ça qu'elle était devenue apprentie-guérisseuse. SI certains pouvaient penser que se souvenir de toutes les plantes était difficile, elle, elle y arrivait parfaitement. C'était instinctif pour elle. Et c'était instinctif le combat pour d'autre.

Le campagnol était devant elle. Elle aurait pu le rapporter au camp ? Peut-être, mais il y avait surtout l'idée que le campagnol sentait à pleine truffe les Terres-Libres. Comment expliquer au clan qu'elle s'était éclipsée assez longtemps pour juste un campagnol ? Il ne sentait pas le territoire du clan de la Rivière et la chatte ne voulait pas donner des explications confuses. Alors il valait mieux le manger là pour éviter tout problèmes et également tout gaspillage. Et puis, elle aimait bien passer du temps avec la guerrière.

Cette rencontre avait changé sa vie. Maintenant, il y avait une personne avec qui elle pouvait se confier. Sans problème. Elle pouvait lui avouer ses craintes, ses désirs. Affliction du Guépard n'était pas dans son clan, et si jamais elles se reverraient plus tard, ce ne sera pas quand même tous les jours, et par conséquent, elle lui faisait dans une certaine manière plus confiance. Pourtant, c'était une guerrière du clan de l'Ombre. Mais dans les yeux de Nuage des Tropiques, la novice la voyait comme une grande sœur, une sœur pouvant l'aider n'importe comment. Affliction du Guépard miaula :

« Avec plaisir. » 

Alors Nuage des Tropiques et elle commencèrent à manger la proie. Le campagnol – ou plutôt sa chair – était vraiment savoureux. C'était peut-être le mérite de la victoire. La novice sourit lorsqu'elle remarqua que Affliction du Guépard lui avait laissé une bonne part. Elle lança un regard à la guerrière plein d'affection. Après avoir fini la proie, elle écouta Affliction du Guépard :

« Certaines proies sont plus sensibles que d'autres au niveau de l'ouïe, ou l'odorat, tout dépend des proies chassées. Fait bien attention à cela, et demande conseil aux membres de ton Clan pour ça. Ensuite, entraîne-toi sur la position que tu prends pour bondir sur ta proie, et enchaîne ces techniques plusieurs fois, pour que tu sois moins maladroite. Sinon, le reste allait, il manque juste un peux d'entraînement. Nous aurons l'occasion de nous entraîner, d'autres fois. Il est temps pour moi de partir... » 

Nuage des Tropiques écouta calmement. Elle allait savoir chasser de mieux en mieux. Mais pas de grenouilles, ni de serpents. C'était pas assez bon. Elle faillit sauter de joie lorsqu'elle comprit qu'elle reverrait la guerrière. Celle-ci commença à se lever et prit le chemin de son clan, vers le soleil couchant. Nuage des Tropiques la regarda, puis se dirigea vers son clan à elle en essayant de se dépêcher avant d'arriver trop tard. Pour justifier son absence, elle ramassa quelques herbes médicinales. Personne ne pourrait lui reprocher quelque chose. Personne. Elle marcha vers son territoire. Elle avait vraiment envie de revoir Affliction du Guépard un jour. Un jour très proche si possible.