Le soleil est à peine levé que je relève déjà la truffe. Blotti contre le ventre de ma mère j’ai passé une nuit calme comme d’habitude collé à cette dernière et à mon cher frère. D’ailleurs lui dort encore plutôt profondément. Je soupire, frustré. Je vais devoir attendre qu’il se réveille pour m’amuser avec lui. Oh mais c’est qu’il commence à faire un peu clair dehors ! Abandonnant mes pensées bien trop terre à terre pour le jeune chaton que je suis-je sors du cocon familial et m’approche doucement de la sortie de la pouponnière. Je m’assois sur son seuil et regard la vie s’activer dans le camp. Nul doute, la journée commence bien plus tôt pour les adultes que pour les enfants. Je souris et commence à me dandiner sur mes pattes. J’en ai marre de ne rien faire ! Je veux prendre part à la vie du camp moi aussi ! Je me lève et m’élance dans la clairière, bien décidé à aider les guerrie… OH UNE BOULE DE MOUSSE ! C’est drôle ça une boule de mousse ! Je mets à donner des petits coups de pattes dedans sans me soucier du reste, passant sous le ventre de certains grands guerriers et manquant de renverser certains félins passant par là Je ne me soucie de rien d’autre que de m’amuser, après tout autant en profiter tant que je le peux encore.

Alors que je fous la merde, oui on peut l’avouer, dans le camp depuis quelques instants déjà un guerrier m’attrape par la peau du cou. Etonné je me mets à piailler et à gesticuler, la boule de mousse accroché sur une de mes griffes. Soudain mon regard se pose sur l’entrée de la pouponnière et un chaton qui baille. Je lui lance la boule de mousse vers ce chaton en lui lançant gaiement :

« Petit Typhon attrape ! Faut pas que le méchant guerrier la prenne ! »

Petit Typhon était confortablement installé contre sa mère et son frère. Dehors, le jour se levait tout doucement. À moins que… Enveloppé dans cette aura chaude et accueillante, Petit Typhon sentit comme un courant d’air. Il remua, gigota, se colla plus près encore de Fleur de Vipérine. Il essaya de se rendormir mais n’y parvint pas. Grognon, il se décida à ouvrir les yeux, et le rouquin se dressa sur ses pattes, encore confus de sommeil.
Le petit chat se tourna vers l’extérieur de la tanière, à la recherche de son frère, qui avait provoqué son réveil. Pourtant il aurait bien aimé dormir plus longtemps –il était si tôt. Pataud, il se dirigea vers la lumière, les yeux encore mi-clos. Un cri l’alerta et lui fit ouvrir ses yeux en grand :
Petit Typhon attrape ! Faut pas que le méchant guerrier la prenne !

Une boule de mousse volait droit vers lui. Encore engourdi, il ne put pas réagir assez vite et la balle lui atterrit droit sur le museau. Mais l’envie de jouer prit vite le dessus, et, soudainement tout excité, Petit Typhon courut vers le ballon improvisé et sauta dessus. Quand il l’eut entre ses pattes, il vit son frère être posé au sol par le grand guerrier qui le portait par la peau du cou. D’un coup de pattes, il la renvoya vers Petit Félin en s’exclamant, pas trop fort pour ne pas se faire gronder par les reines :
-Et voilà l’travail !

Il fit un grand sourire et sauta sur son frère pour jouer. Les deux boules de poils roulèrent dans la poussière en riant. En tout cas, Petit Typhon, lui, riait aux éclats, ayant immédiatement oublié qu’il avait été réveillé quelques minutes plus tôt. Et puis il était encore jeune, il pouvait se permettre de passer du bon temps.