Il était tard, el soleil venait de se coucher et seuls les nuages les plus hauts étaient éclairés d'une teinte rouge et grise. Nuage d'Encre rongeait sa souris, peu concentré, le syeux dirigés vers l'entrée du camp. Quelques guerriers étaient partis se coucher, mais d'autres montaient la garde devant les chats du Clan de la Rivière, méfiants. Nuage d'Encre allait être sentinelle de nuit lui aussi, il en avait fait la demande. Il voulait s'assurer que les dominés ne faisaient pas de bêtises... Comme Pelage de Givre. La sentence avait été lourde, mais c'était le prix à payer pour éviter de nouvelles trahisons.
Pourtant, cette histoire tournait dans l'esprit du vieil apprenti, qui voyait son baptême reculer de plus en plus. Il avait l'impression que sa cheffe se désintéressait de lui, elle avait choisi un apprenti -espion qui plus est- plus jeune et plus inexpérimenté que lui pour commettre le meurtre. Pourquoi ? N'avait-elle pas confiance en ses capacités ? Ilo était quand même fort et avait déjà fait ses preuves ! Une telle injustice n'avait fait que renforcer sa haine envers Nuage du Caméléon.

Nuage d'Encre finit sa souris et se leva pour s'étirer. Au moins, il avait pris du poids et il avait une belle fourrure lisse : avec la nourriture qu'ils subtilisaient aux pêcheurs, il était devenu plus fort et mieux alimenté. Mais il se trainait toujours autant à la chasse, d'autant plus qu'aujourd'hui, sa traque ne l'avait mené à rien. Une chance qu'il était dans le camp occupé, autrement, il n'aurait pas pu manger ce soir.
Il commença à marcher, un œil peu attentif sur les guerriers adverses. Ses pas le menèrent à une tanière dont l'odeur lui faisait ressurgir des souvenirs pas si lointains que ça. Sur une route d'asphalte, avec une femelle tigrée qui n'avait pas l'air d'apprécier ses réflexions sur les guérisseurs. Une femelle dont le visage lui était réapparu à l'Assemblée, des yeux terrifiés et attristé à l'annonce de cette pseudo-vérité (il ne savait s'il devait la croire ou non). Oui, ce même visage qu'il croisa en entrant dans la tanière et dont le nom sortit d'entre ses dents, sur une voix mielleuse :

« Menthe Poivrée »

Un sourire narquois se dessina sur son visage pour aussitôt disparaître. Il s'approcha et renifla les plantes en fronçant le nez, retourna des remèdes d'une pattes, la mine dubitative.

« Et c'est là-dedans que tu vis ? Comme un ragondin ? Eh ben, c'est glorieux ça... »